Des arbres morts Qui dès lors Sont devenus de l’art Des sculptures Pour le futur Dans le ciel azur Émerveillent le cycliste Quittant l’âme triste Hâte de revivre cette piste
Une des premières poétesses du Québec et une artiste remarquable de son époque.
Clara est née le 15 juillet 1886 à Hull. Elle est la fille de Thomas Lacoste dit Languedoc (Lanctôt) et de Justine Arvisais, que Thomas appelle affectueusement « ma Gistine ». Mon arrière-petite-cousine Clara est la nièce de mon arrière-grand-mère Mélina Lanctôt, épouse de William Scott.
En 1894, à l’âge de huit ans, un voile tombe sur la vie de Clara. Atteinte de la rougeole, elle subit des conséquences malheureuses irréversibles : elle perd la vue. Débute alors pour elle la nuit de ses mots enveloppée par sa musique.
En septembre 1895, sa famille l’envoie à l’Institut Nazareth pour aveugles à Montréal. Elle y apprend le braille et la dactylographie.
En 1906, Clara obtient son diplôme d’études supérieures. Elle reçoit son baccalauréat en piano en 1910.
À Hull, elle enseigne le piano jusqu’en 1925. Elle retourne ensuite à l’Institut Nazareth pour y donner des cours de musique jusqu’en 1940.
Clara Lanctôt n’était pas qu’une virtuose du piano. Elle l’enseigne et elle compose des mélodies, dont sa « Berceuse », que l’on peut entendre sur cette page. Elle affectionnait aussi la lyre. Elle aime écrire, surtout de la poésie. Elle publiera, entre autres, « Visions d’aveugle », le 3 juillet 1912, suivi de « Visions encloses », en 1930. Elle signe ses poèmes sous le joli pseudonyme Fleur d’Ombre.
En 1927, elle reçoit un prix de composition en poésie de la Société littéraire du Québec. En 2020, François de Bienville lui consacre la page 95 dans son livre Nos poésies oubliées, Voix retrouvées des héritiers de la Nouvelle-France.
Clara se retira au début des années 1940 au Foyer Rousselot pour aveugles, dans l’est de Montréal, à Pointe-aux-Trembles. Mais elle continua à faire partie du corps enseignant de l’Institut canadien des aveugles. Elle donna des leçons de piano à domicile jusqu’en 1954 aux clairvoyants. Elle est décédé à l’hôpital Saint-Vital à Montréal-Nord, le 5 mai 1958. Elle est inhumée dans sa ville natale, à Hull, auprès de ses parents.
Sa poésie est empreinte de tristesse. Il ne faut pas oublier que malgré la perte de sa vue à huit ans, elle a conservé dans son coeur les images qu’elle a vues pendant ses huit premières années de sa vie. Elle se remémore les scènes, les couleurs, les ombres, les beautés qui l’entourent.
Pour ne pas qu’elle tombe dans l’oubli, je dédie cette page à mon arrière-petite-cousine Clara Lanctôt, une artiste, une Fleur d’ombre exceptionnelle.
la brise d’été
l’eau manque aux fleurs séchées –
pluie torrentielle
l’air d’été sent bon
des oiseaux parmi les fleurs
farniente au soleil
Mario Scott
juin 2012
photo Mario Scott, Cuba
(Le haïku (俳句, haiku?), terme créé par le poète Masaoka Shiki (1867-1902), est une forme poétique très codifiée d’origine japonaise et dont la paternité, dans son esprit actuel, est attribuée au poète Bashō Matsuo (1644-1694). Il s’agit d’un petit poème extrêmement bref visant à dire l’évanescence des choses. ce poème comporte traditionnellement 17 mores (on pourrait dire des syllabes) en trois segments 5-7-5, et est calligraphié traditionnellement soit sur une seule ligne verticale soit sur trois.)
Le désir fait fi de la tâche!
S’armant de patience sur ce beau terrain de jeu féminin
Les secondes à découvrir s’écoulent en pulsations amoureuses
Le coeur trépigne, la main s’enligne… passent les agrafes!
Détachant, déboutonnant au rythme de mes soupirs de désirs
Voilà! Une brèche dénudée sur ta peau satinée et parfumée
Mes sens n’en peuvent plus…
J’accélère la dextérité de mon habile doigté
Je te veux! Mais pas trop vite!
Je pose mes lèvres sur ton joli dos brûlant
Te couvrant d’un bouquet de baisers
Mario Scott
10 mars 2013
photo Mario Scott, plage de Punta Mal Tiempo, Cayo Largo, Cuba
Solstice d’été
Unique journée
Comme la solitude
Devenue une habitude
Journée la plus longue
Qui crée la saison d’été
Souvenirs qui fondent
De filles trop aimées